Pour François René

Le romantisme, courant apparu en Allemagne au 18éme siècle, se développe en France sous la Restauration par réaction à la rigidité littéraire du classicisme de l'époque, caractérisé par une rhétorique à vous user un dictionnaire jusqu'à la tranche et par le trait commun a tous les auteurs qui est celui d'avoir un bâton dans le cul.François René de Chateaubriand est considéré comme un des précurseurs des nombreux auteurs romantiques français qui vallent beaucoup mieux que lui. Dans "rêveries au Lido", passage des mémoires d'outre tombe, il livre au lecteur une appréciation personnelle, nostalgique et poétique du paysage marin, où l'on retrouve plusieurs caractéristiques propres au début du romantisme qui sont la niaiserie, le bucolique diarrhéique et l'emphase omniprésente.


Le lyrisme, par exemple, ton employé fréquemment dans ce courant littéraire, apparaît tout le long du texte par le biais des figures de styles telles que les métaphores ou les comparaisons qui qualifient le paysage marin, ainsi que par les termes et expressions qu'emploient l'auteur, poétiques, imagées et mélioratives.

Ainsi, l'aurore est qualifiée de "transformation des ténèbres en lumière avec ses changeantes merveilles son aphonie et sa mélodie, ses étoiles éteintes tour à tour dans l'or et les roses du matin" dans une accumulation hyperbolique et emphatique. Les termes "merveilles", "or", ou "roses" peuvent apparaître comme des mots appartenant à un champ lexical que l'on pourrait qualifier de "romantique", puisqu'ils appartiennent a la catégorie des termes mielleux et lèche cul que l'on trouve généralement dans les poèmes d'amour médiévaux insupportables. Ce registre indéniablement fleur bleu se poursuit tout le long de l'extrait ( "les dessins de ses arceaux" , "paroles d'amour", "eau sacrée", "immensité pélagienne"...). La suite de termes antithétiques tels que ténèbres et lumières; aphonie et mélodie; étoiles et éteintes mettent en évidence la poésie lyrique de cette introduction pitoyable débutée par une personnification qui parcourera tout le texte.

En effet, dès la première ligne, l'aurore est "ébauchée" et "sans sourire" comme une femme mélancolique à l'image de Chateaubriand. Les barques "serrent" le vent, comme douée d'une force et d'une volonté propre alors que ce ne sont que des planches de bois cintrées en forme d'amande, tandis que le sable apparaît aux yeux de l'auteur comme un front ridé "sur lequel le temps a passé". De même, Chateaubriand qualifie les vagues comme ses "compagnes", des "jeunes filles" ayant entouré et bercé sa naissance, puisque soi disant il serait né un jour de tempête, tempête qui aurait selon lui marqué a jamais sa vie du sceau romantique de la tourmente.

La nostalgie du souvenir chez l'auteur se ressent donc dans l'extrait, particulièrement dans la deuxième partie, où l'eau et les vagues qui parcourent la mer tiennent une place importante. Elles sont les "berceuses", "jeunes filles" et "compagnes", auxquelles Chateaubriand adresse des "paroles d'amour", dans une affection et un attendrissement affecté et mélancolique, typiquement romantique. Le paysage Vénitien lui rappelle St-Malo, lieu de sa naissance bercée par les vagues dont leur son lui est "doux" et "familier". Chateaubriand retrouve son origine, se retrouve lui même dans un paysage similaire à celui qui l'a vu naître: "un mât, un nuage, c'était assez pour éveiller mes souvenirs". Ainsi, c'est un univers féerique, idyllique et bucolique que décrit l'auteur, où l'idée d'un temps révolu mais toujours présent dans le coeur et dans l'esprit de l'écrivain romantique, qui fait de lui ce qu'il est maintenant, se ressent par le ton mélodramatique et exalté qui se dégage du texte.